Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Sauf arrangement amiable, cela risque fort d’être un duel de titans. De titans venus de nulle part mais désormais présents partout. Des « self-made-men », dit-on, qui se sont faits tout seul et sont devenus des parrains du monde des affaires non seulement chez eux mais également en Afrique de l’Ouest. Un monde des affaires qui est une nébuleuse au sein de laquelle il est de plus en plus difficile de discerner les connexions financières, technologiques mais aussi politiques. Ce qui arrange finalement tout le monde… des affaires et de la politique.
L’un s’appelle Appolinaire Compaoré. Il est Burkinabè. Ceux qui ont écrit sa légende racontent qu’il « a quitté Garango [au Sud-Est de Ouagadougou, dans la province du Boulgou, non loin de Tenkodogo] pour Ouagadougou, muni de son seul courage, et qui a exercé entre autres les métiers de laboureur, de cuisinier, de vendeur de billets de loterie avant d’ouvrir sa première entreprise, Volta Moto, aujourd’hui Burkina Moto, et de connaître la réussite qui est la sienne de nos jours à la tête de la holding Planor Afrique et de plusieurs autres structures de la place telles que Telecel Faso, UAB, Sodicom, SKI, Hôtel Yibi ».
Ceux qui ont écrit sa légende (et on même tourné un film sur leur héros) lui ont aussi décerné, voici quelques mois – retour sur investissement – le titre de « meilleur promoteur africain de l’investissement privé » et, cerise sur le gâteau, l’ont fait chef Akan sous le nom de Nana Koffi III.
L’autre s’appelle Cessé Komé. Il est Malien. Mais préfère Abidjan à Bamako. Son émergence dans le monde des affaires a été aussi exceptionnelle que celle de son « partenaire » burkinabè. Immobilier (on connaît sa résidence « Komé » dans la capitale malienne), import-export, hôtellerie… Le Radisson Blu Hotel de Bamako, c’est lui ; le Radisson Blu Hotel Abidjan Airport (252 chambres, 25 milliards de francs CFA) ce sera lui aussi.
Leur fortune est sans limites ; leur carnet d’adresses est, tout à la fois, international et impressionnant. Personne ne sait vraiment comment ils ont bâti l’une et rempli l’autre. Mais chacun sait qu’ils sont incontournables.
Compaoré et Komé étaient copains. Enfin, comme on peut l’être dans le monde des affaires. Suffisamment en tout cas pour obtenir, conjointement, la 3ème licence de téléphonie mobile globale du Mali. La première avait été tout naturellement attribuée à Sotelma (filiale de Maroc Télécom) et la deuxième à Orange Mali (actuellement numéro un sur le marché de la téléphonie mobile malienne).
C’est le 8 décembre 2011, à peine plus d’un mois avant que le MNLA ne déclenche sa « guerre » contre Bamako, que cette 3ème licence avait été attribuée aux deux hommes. 55 milliards de francs CFA (84 millions d’euros) et une concession de quinze ans pour Alpha Telecom SA (ATEL-SA). 60 % pour Compaoré via Alpha Limited Telecom ; 40 % pour Komé via Koira Teknotelecom Ltd. Une attribution de gré à gré qui n’a pas vraiment fait de vagues alors que le Mali avait sombré dans la torpeur des années ATT (pas ATT le groupe de Dallas, plus grand fournisseur de services téléphoniques dans le monde, mais ATT comme Amadou Toumani Touré).
Koira est la raison sociale sous laquelle Komé a développé ses activités. Koira Teknotelecom Ltd est implantée à… Port-Louis, capitale de Maurice, l’île de l’océan Indien. Elle y aurait été créée le 26 janvier 2012, soit près de deux mois après (je dis bien après) qu’elle ait été présentée comme partenaire d’Alpha Limited Telecom au sein d’ATEL-SA.
Komé n’a pas d’expérience professionnelle (via ses activités d’entrepreneurs) dans les télécoms. Compaoré, lui, est avec Telecel le troisième opérateur de téléphonie mobile au Burkina Faso, derrière Airtel et Telmob (Onatel) ; son groupe, Planor, est également actionnaire minoritaire au sein de MTN Côte d’Ivoire.
Pour obtenir la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali, Komé, le Malien, et Compaoré, le Burkinabè, se sont mis en partenariat technique avec Monaco Telecom. C’est l’opérateur téléphonique de la Principauté. Son savoir-faire, il le tient de son actionnaire minoritaire, le groupe historique britannique Cable & Wireless. L’expérience de Monaco Telecom à l’international est faible. L’opérateur est présent au… Kosovo et en Afghanistan, pas vraiment des territoires « soft ». Mais il avait mis la main sur Afinis Communications, opérateur téléphonique dédié aux grandes entreprises d’Afrique (ce que l’on a appelé le système VSAT). En août 2012, cette activité a été cédée. Il en est resté une connexion africaine. Le directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest d’Afinis Communications n’était autre que le Burkinabè Pascal Vokouma, un entrepreneur spécialiste des télécoms. Laurent Lafarge, vice-président en charge des activités internationales de Monaco Telecom, qui a participé notamment à la mission au Mali et au Burkina Faso de la CDE, la Chambre de développement économique de la Principauté de Monaco, est parfois présenté comme l’homme-clé du dossier de 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
A l’origine, en décembre 2011, ce dossier concernait donc Compaoré et Komé avec le concours technique de Monaco Telecom. Mais la « guerre » déclenchée le 17 janvier 2012 par le MNLA et le coup d’Etat du 22 mars 2012 changeront la donne. Tout est stoppé. Il faudra attendre juin 2012 pour que le dossier revienne sur la table du gouvernement de Bamako. Le 3 août 2012, un accord sera signé concernant le cahier des charges et l’acceptation d’un paiement fractionné. Compaoré devra ainsi verser 33 milliards de francs CFA et Komé 22 milliards de francs CFA.
Mais personne, alors, ne sait où va le Mali ni comment il y va. Le régime militaire du capitaine Amadou Haya Sanogo a cédé la place à un régime de transition dit « intérimaire » : Dioncounda Traoré à la présidence et Cheick Modibo Diarra à la primature. Mais Sanogo reste dans les coulisses. En décembre 2012, il va dégager Diarra en touche et installer à sa place Diango Cissoko. Le vendredi 11 janvier 2013, François Hollande intervient au Nord-Mali. L’opération « Serval » est déclenchée. Ce qui n’empêche pas le business à Bamako.
Dix jours plus tard, le 21 janvier 2013, Cessé Komé est déclaré défaillant dans le dossier d’acquisition de la 3ème licence de téléphonie mobile. D’obscurs prétextes sont avancés : il n’aurait pas assuré ses engagements contractuels, notamment financiers. Compaoré se retrouve seul en course.
Dans le Nord-Mali, on se bat ; à Bamako, la situation politique n’est pas à l’éclaircie. Hollande débarque au Mali : « Le jour de gloire est arrivé ». Ibrahim Boubacar Keïta se positionne pour la présidentielle. A Bruxelles et Addis Abeba, on promet des millions pour reconstruire le Mali. Compaoré signe une convention avec la nouvelle équipe au pouvoir. Ses partenaires financiers sont là : BOAD, BSIC Mali SA, Coris Bank International, Union togolaise des banques (UTB), Banque togolaise de développement (BTD). La banque conseil, Linkston Capital, touche sa « com » de 7 % : 1.102 millions de francs CFA. Compaoré va même obtenir un délai de six mois, en mai 2013, pour solder les comptes. A Bamako, la presse dénonce des « connexions militaro-civiles et gouvernementales » mettant en cause Dioncounda, Sanogo et Diango. Et Ouagadougou.
Depuis, Appolinaire Compaoré est promu « meilleur promoteur africain de l’investissement privé » en présence de Beyon Luc Adolphe Tiao, Premier ministre. Et, alors qu’on pensait qu’il prétendait à la présidence de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF), il sera élu vice-président en charge du commerce le lundi 19 août 2013.
On ne parle plus de la 3ème licence. Le Mali a « d’autres chats à fouetter ». Sauf que Compaoré doit encore 7,1 milliards de francs CFA pour solder son opération intitulée désormais Telecel Mali. L’échéance était fixée au mercredi 13 novembre 2013. Le mardi 12 novembre 2013, cela a été réglé. Mais Komé n’entend pas, pour autant, céder le terrain à son partenaire devenu son adversaire : il a saisi le Tribunal international de commerce de Paris. Allo, ne coupez pas… !
Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique
Vos commentaires
1. Le 18 novembre 2013 à 14:11 En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Appolinaire excelle plus dans les litiges que dans la fourniture des services. Comment peut-on etre partenaire avec ce monsieur ?
Le 18 novembre 2013 à 16:06, par niimoma En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
je pensais que j’étais seul à avoir un tel point de vu de ce Monsieur COMPAORE
2. Le 18 novembre 2013 à 15:11, par article 37 En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Je pense qu’il n’est pas originaire de Tenkodogo, mais de Gaongo dans la province du Bazèga.
Homme d’affaires Appolinaire Compaoré, est un homme d’affaire tatentueux. Business is Business.
Il y a bien des nébuleuses dont personne n’en parle. Les gros opérateurs de téléphonie qui sont derrière AITEL et TELMOB ne dérangent personne. Quand c’est un groupe local qui émerge, ça pose problème.
Rappel, TELECEL FASO est un des rares opérateurs à employer à presque 99 % des compatriotes, ce qui veut dire qu’elle profite réellement au pays.
Devenu opérateur au Mali, cela va encore profiter à l’UEMOA.
Combien de sociétés très puissantes fonctionnent sans profiter à la nation. Planor Afrique avec ses filiales sont organisées et sont connues dans l’environnement économique sans trop de tapage.
Bravo à Apollinaire.
Le 18 novembre 2013 à 19:42 En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
je suis fier de ta réacrion, pas comme celle de " niimoma" un jaloux et aigre dans son bureau
Le 20 novembre 2013 à 11:10 En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Il emploie des burkinabè mais pour quel traitement ? pour quel management ?
3. Le 18 novembre 2013 à 18:48, par la paix En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Bravo à monsieur COMPAORE ! Vous faites honneur à votre pays. Moi je vous soutient dans tout ce que vous faites vous un fils béni. Je saisis l’occasion pour dire à tous ceux qui pense le contraire de s’élever et de voir loin car c’est un burkinabé qui réussit dans un secteur de haute technicité. Encore mille fois bravo
4. Le 18 novembre 2013 à 18:59, par Tonica En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Patatipatata......... investir 55 milliards pour avoir la licence au mali pour ensuite laisser le réseau pourrir comme ici au Burkina ?
5. Le 18 novembre 2013 à 19:37, par un prof d’EPS dirrige la haute cour de justice En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
je sais qu’il y des gens qui vont dire a juste raison que pendant que telecel n’arrive pas a satisfaire sa clientèle, son propriétaire dépense de l’argent pour s’implanter ailleurs, mais ni airtel, ni maroc telecom ne comble les attentes de ses clients originels. C e qu’on peut reprocher a ce monsieur c’est d’être tout le temps empêtré dans des affaires judiciaires et ça, ça ne favorise pas vraiment le business
6. Le 18 novembre 2013 à 20:11, par siakab En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
c’est ça le business. c’est un étalon qui a gagne un match a l’extérieur.
7. Le 18 novembre 2013 à 22:28 En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Celui la n’est pas un journaliste mais un journaleux qui a pris du gombo pour écrire ce papier qui n’honore pas sa profession.
8. Le 19 novembre 2013 à 08:36, par ALI En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
félicitation et bon courage à vous, PCA !
9. Le 19 novembre 2013 à 09:15, par article 37 En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Je respecte les avis de chacun de nous, mais j’aimerais aussi que chacun parle de ce qu’il connait Je ne suis pas journaliste donc je ne sais pas comment écrire un article. Quand vous allez chez un médecin et vous lui dites que vous souffrez de palu, de simples examen peuvent ne pas vous donner raison.
J’estime donc que Mr COMPAORE opérateur économique Burkinabè a fait de gros efforts pour se mettre au niveau des multinationales. A l’époque Tertius ZONGO vous a dit que si P 50 tombe en panne c’est pas centrale SONABEL qui ne peut pas tomber en panne.
Je pense que TELECEL fait beaucoup d’efforts pour avoir un bon réseau. L’investissement du Mali n’a pas certainement pas été fait en solitaire mais avec des partenaires techniques. Le groupe Planor va devenir plus fort et cela nécessairement profiter à TELECEL Faso.
10. Le 19 novembre 2013 à 09:25, par WEND YAAM En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Bravo et courage à vous Monsieur COMPAORE. Que Dieu vous accompagne dans vos entreprises
11. Le 19 novembre 2013 à 11:32, par BURKINA BENI En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Bravo et bon vent à ce compatriote talentueux qui excelle dans les affaires. Ça, c’est le genre d’articles que j’aime bien lire, il stimule les jeunes ambitieux et battants qui veulent créer, engendrer la richesse et créer des emplois. Voilà un exemple à suivre par les jeunes burkinabés. Je soutiens COMPAORE jusqu’au bout, et je sais qu’il se tirera d’affaires c’est sûr !
Burkinabé réveillez vous, laissez de coté les critiques négatives et les jalousies morbides et avancez !!!!
Que DIEU bénisse le Burkina Faso et le peuple burkinabé.
12. Le 19 novembre 2013 à 14:14, par Souleymane Diallo En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Si Monsieur Compaore voit ce post, je lui suggere une seule chose : mieux payer ses employes.
Le 19 novembre 2013 à 15:59, par prestataire En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Merci mon frère !!! mieux payer ses employés. autant 99% sont compatriotes, autant 99% sont prestataire avec aucune couverture, quand bien même effectuent des taches à risques. Félicitation PCA ! N’oublie pas tes tingbiissii
13. Le 19 novembre 2013 à 17:41 En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
On dit que tant que tu n’as pas dormi avec la poule, tu ne sauras jamais qu’elle pète. Donc pour ce monsieur, je dirai pareil il faut l’avoir côtoyer pour savoir qui il est réellement .
14. Le 20 novembre 2013 à 15:14, par Aboubaq En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
A mon niveau,je dirai qu’il est bon de montrer ces exemples aux jeunes du Faso bien tout oeuvre n’est parfaite,toute personne n’est aussi droit qu’on le pense.Mais il est bon encore de critiquer pour contruire ou ameliorer tout oeuvre ;pour ca je suis partant....
15. Le 20 novembre 2013 à 15:22, par Aboubaq En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
A mon niveau,je dirai qu’il est bon de montrer ces exemples aux jeunes du Faso bien tout oeuvre n’est parfaite,toute personne n’est aussi droit qu’on le pense.Mais il est bon encore de critiquer pour contruire ou ameliorer tout oeuvre ;pour ca je suis partant....
16. Le 21 novembre 2013 à 22:43, par wendkouni En réponse à : Apollinaire Compaoré, Cessé Komé et la 3ème licence de téléphonie mobile au Mali.
Digne fils de Sa patrie,dvir lun des hommes daffaire le plus important dafrique d louest,Que la lumière de Dieu soit toujour sur toi et toute ta famille.laisse parler les faibles.