Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
« Populations et environnement au Burkina Faso : étude sur la protection des écosystèmes terrestres dans la province du Nayala » ; tel est le sujet de la thèse de doctorat unique en sociologie brillamment défendue par l’abbé Jean-Paulin Ki le 20 mars 2015 à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar. Le jury de six membres présidé par le Pr Cheikh Amadou Dieng, avec pour directeur de thèse le Pr Moustapaha Tamba, lui a décerné la mention « Très honorable ».
La province du Nayala qui se situe au Nord-Ouest du Burkina Faso, a une superficie de 3873 km2 avec une population de 163 433 habitants, constitués de paysans à 99%. Les groupes linguistiques qui y vivent sont les Sanan, les Marka, les Mossi, les Gourounsi, les Peulhs, Selon les données des recensements de 1985, 1996 et 2006, la province connaît une forte croissance démographique avec un taux de 2,37%.
Tout comme dans le reste du pays, l’auteur note que le rapport des populations avec l’environnement est essentiellement un rapport d’exploitation et de consommation - parfois même un rapport de gaspillage et de destruction - des ressources naturelles. En effet, les feux de brousse, le braconnage, les défrichements itinérants sur abattis-brûlis, la divagation des animaux, etc. sont autant de pratiques sociales dont les conséquences pour l’environnement sont la dégradation des écosystèmes, et pour la société, la vulnérabilité et les conflits.
Interpellé par cette dynamique des rapports entre populations et environnement, l’auteur s’est interrogé sur comment ces populations concilient les nécessités de survie et la durabilité des écosystèmes.
Au bout de plusieurs années de recherches, il a abouti à des conclusions permettant de mieux comprendre cette problématique. Ainsi, il ressort que les usages sociaux de l’environnement géophysique, au Nayala, les systèmes de production agro-sylvo-pastoraux conditionnent la protection durable des écosystèmes terrestres. En effet, les populations rurales du Nayala ont évolué d’une économie d’autosubsistance de type familial à une économie à mi-chemin entre le moderne et le traditionnel. Dans ces systèmes de production, les espèces végétales, fauniques et les sols sont à la fois assujettis à la destruction et à la protection.
Ensuite, les perceptions et les représentations socioculturelles ont une grande influence sur la protection durable des écosystèmes terrestres. À une époque où la population dans les villages était restreinte, celles-ci se sont construites autour de la nature et de ses ressources comme des biens inépuisables et objets de prédation à volonté dans les limites des interdits religieux. Mais, actuellement, à cause de l’accroissement naturel de la démographie et des phénomènes migratoires, les rapports des populations avec l’espace ainsi que les représentations et les usages ont changé. Par conséquent, les relations sociales autour des ressources naturelles sont devenues plus conflictuelles, les interdits religieux et lois modernes moins respectés.
Il ressort aussi que les différentes crises économiques et la mondialisation ne sont pas sans incidence négative sur la protection des écosystèmes dans la province du Nayala. En effet, la pauvreté engendrée dans un contexte de marché libéral et de vie chère pousse les populations à se rabattre sur les ressources naturelles (ressources fauniques, ligneuses, minérales, …) comme principales sources de revenus. Une telle situation complexifie la lutte en faveur de la protection et même de l’utilisation durable des ressources naturelles.
Le contexte actuel de la décentralisation au Burkina n’est pas non plus sans effet, car, tout en favorisant la protection des écosystèmes terrestres par l’implication et la responsabilisation des populations locales, il complique la gestion des ressources naturelles par l’élaboration de lois non toujours accordées avec les modes de gestion locale et coutumière du foncier rural.
Enfin, la recherche de Jean-Paulin Ki a montré que dans la province du Nayala, les pratiques de protection des écosystèmes terrestres (reboisements, cordons pierreux, création de zones cynégétiques et de forêts villageoises) sont finalement des stratégies d’adaptation aux changements climatiques, de subsistance et de développement durable.
En définitive, cette recherche aura permis de comprendre l’importance des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes et qu’il n’y a pas de véritable développement durable sans la coopération des populations locales aux projets de développement initiés par l’État, les ONG et Associations. Soulignant ainsi qu’on ne devrait jamais perdre de vue le lien populations-environnement-développement.
Cyriaque PARE
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 9 avril 2015 à 16:13, par ACHILLE DE TAPSOBA En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
Félicitations Mr l’Abbé KI. Soyez bénis au Nom du SEIGNEUR.
ACHILLE TAPSOBA
2. Le 9 avril 2015 à 16:57, par Césaire En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
Toutes mes sincères félicitations à l’abbé Paulin KI pour ce travail titanesque qu’il a abattu et j’ose espérer que nos chers esclaves les mossis pourront prendre en compte les recommandations qui ont été formulées car le mossi déteste l’environnement. A BON ENTENDEUR SALUT
FÉLICITATIONS MONSIEUR L’ABBÉ KI
3. Le 9 avril 2015 à 18:46, par Rock En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
Toutes mes félicitations cher Abbé Paulin KY
4. Le 9 avril 2015 à 20:36, par PARE Patrick En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
mes felicitations a vous l’Abbé. c’est Sien qui gagne ainsi que tout le Nayala.
5. Le 9 avril 2015 à 21:40 En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
Le titre est heureux car tout le monde le sait depuis des années. A travers cet article, on voit que le travail de thèse a été suffisamment fouillé et largement transposable au niveau national ou de la sous région. Félicitations à lui. Quelques remarques : quid de l’insécurité foncière ? quid de l’accaparement des terres ? peut—être que cet aspect ne ressort pas dans la province étudiée ? ce qui semble manquer aussi est la question des pratiques durables quand il affirme que nous sommes à mi-chemin entre le moderne et le traditionnel ? ce qui en réalité ne veut rien dire pour savoir si c’est bon ou mauvais. Tel que dit, le moderne est assimilé au bon, alors que le traditionnel est assimilé au mauvais, ou à l’archaïsme. Son travail est il en ligne ? car devrait être largement partagé et diffusé et analysé. Dernière remarque : quand on parle de forte croissance démographique avec 2,37% pour la province, c’est pas très élevé par rapport à la moyenne nationale de 3,1% ces dernières années ? Ce taux plus faible que la moyenne pourrait être un avantage par rapport à d’autres provinces dont le taux est supérieur à la moyenne nationale. Cet écart de - 0,8% doit être expliqué ? migration des jeunes ? si c’est le cas, le manque des jeunes n’est il pas un handicap ?...
6. Le 10 avril 2015 à 09:22, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
Félicitation Mr l’Abbé KI (Samôgô). Ce thème est d’actualité de nos jours avec la dégradation des écosystèmes suite à la mauvaise manière d’exploiter. Par ailleurs de nos jours avec l’accent qui sera désormais mis sur l’exploitation familiale par le Ministère de l’agriculture, c’est incontestable que votre thème est d’actualité. Sans oublier que l’année 2014 a été décrétée année de l’exploitation familiale par l’ONU. Ensuite, en protégeant l’écosytème par les pratiques traditionnelles, celà revient moins cher, appropriable par les plus pauvres, reproductibles par eux et leur permet de produire durablement.
Je profite pour dire aussi que beaucoup de gens emploient le terme de ’’Durabilité’’ sans savoir ce que celà signifie. C’est une notion appparue dans le rapport d’une 1ère Ministre norvégienne nommée Gro Harlem BRUNTLAND et ce rapport a été nommé Rapport BRUNTLANT lors d’un sommet de l’ONU qui a adopté une Convention sur la protection de la terre. Ensuite elle a été fortifiée en juin 1994 lors du Sommet de la Terre à Rio au Brésil (Votre cher bien-aimé Yamyélé que je suis avait participé à ce sommet comme Invité-Expert pour donner du tonus aux débats dans un groupe de travail). En fait c’est une notion temporelle introduite dans la notion de développement qui veut dire qu’il faut que les générations présentes puissent exploiter les ressources pour satisfaire leurs besoins actuels tout en garantissant que les générations futures puissent aussi satisfaire les leurs. Ici on voit que c’est la philosophie du milieu rural, de la base qui apparait tel que l’Abbé KI a dû le démontrer. Parce que les paysans pensent toujours à l’avenir de leurs enfants. Et puis il ne faut pas oublier que selon le MInistère de l’Agriculture, si on ne fait pas attention à notre manière d’exploiter la terre, d’ici 30 ans il y aura des paysans sans terre.
Donc attention à nos pratiques ! Surtout les bwabas et les gourounsi qui brûlent des centaines d’hectares de brousse juste pour débusquer un rat ! Les mossis eux, ils n’ont plus rien à brûler car tout est détruit !!!
Par Kôrô Yamyélé
7. Le 10 avril 2015 à 09:34 En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
toutes mes félicitations monsieur l’abbé
8. Le 10 avril 2015 à 11:18, par Bonaventure PAGABELEM En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
Toutes mes félicitations M.L’abbé.
9. Le 10 avril 2015 à 16:49, par Rosalie YAMEOGO En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
Toutes mes félicitations mon frère !
J’espère que vos frères Samo vous prendront en exemple et pourront faire bénéficier le Burkina des résultats des travaux qu’ils vont entreprendre.
Que dieu vous bénisse.
10. Le 10 avril 2015 à 20:52, par pousga En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
Félicitations. Le thème est très pertinent. Comment accéder à ce document ?
11. Le 11 avril 2015 à 14:32, par SOW En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
Toutes mes félicitations à Monsieur l’Abbé. Que le virus de vos connaissances nous affecte aussi (nous qui sommes également en sociologie).
12. Le 11 avril 2015 à 19:47 En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
Le titre est heureux car tout le monde le sait depuis des années. A travers cet article, on voit que le travail de thèse a été suffisamment fouillé et largement transposable au niveau national ou de la sous région. Félicitations à lui. Quelques remarques : quid de l’insécurité foncière ? quid de l’accaparement des terres ? peut—être que cet aspect ne ressort pas dans la province étudiée ? ce qui semble manquer aussi est la question des pratiques durables quand il affirme que nous sommes à mi-chemin entre le moderne et le traditionnel ? ce qui en réalité ne veut rien dire pour savoir si c’est bon ou mauvais. Tel que dit, le moderne est assimilé au bon, alors que le traditionnel est assimilé au mauvais, ou à l’archaïsme. Son travail est il en ligne ? car devrait être largement partagé et diffusé et analysé. Dernière remarque : quand on parle de forte croissance démographique avec 2,37% pour la province, c’est pas très élevé par rapport à la moyenne nationale de 3,1% ces dernières années ? Ce taux plus faible que la moyenne pourrait être un avantage par rapport à d’autres provinces dont le taux est supérieur à la moyenne nationale. Cet écart de - 0,8% doit être expliqué ? migration des jeunes ? si c’est le cas, le manque des jeunes n’est il pas un handicap ?...
13. Le 12 avril 2015 à 20:22, par ab Didier En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
Félicitations mon cher professeur de latin au petit séminaire de tionkuy. Je vais essayer de traduire le thème de votre these en bon latin sans vous "fendre le coeur"
14. Le 18 avril 2015 à 04:01, par Abbé BOMBIRI Emile En réponse à : Soutenance de thèse : L’abbé Jean-Paulin Ki prêche pour la prise en compte des savoirs locaux dans la protection des écosystèmes
Bonjour cher Paulin ; je suis heureux de découvrir que vous êtes arrivé au bout de votre longue investigation ; en attendant de lire de plus larges extraits, je vous présente mes félicitations ; comme vous le savez, je vous attends sur le terrain pour poursuivre les actions de développement en faveur de la sauvegarde de l’environnement. Merci et bonne continuation !