Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
Le Cadre de concertation du Chef de file de l’opposition politique (CC-CFOP) a tenu une réunion ordinaire le mardi 24 juillet 2018 au siège du CFOP. Présidée par le chef de file de l’opposition, la réunion portait sur les points suivants : la situation nationale, la vie du Cadre et les divers.
A l’entame de la rencontre, le chef de file de l’opposition a remercié les présidents de partis d’opposition pour la solidarité et le soutien dont ils ont fait preuve à l’occasion du deuxième congrès ordinaire de son parti, l’UPC, les 20, 21 et 22 juillet derniers. Les participants ont, quant à eux, félicité M. Zéphirin Diabré et l’UPC pour le grand succès de ce congrès, qui témoigne de la vitalité et de la force du principal parti d’opposition. Ils ont également félicité le président Diabré pour sa réélection à la tête de l’UPC.
Au titre de la situation nationale,
Le cadre de concertation a échangé sur l’examen du projet de loi portant Code électoral à l’Assemblée nationale. L’opposition politique déclare que sur cette question, il n’y a jamais eu de consensus de la classe politique, contrairement à ce que le gouvernement a affirmé dans l’exposé des motifs du projet de loi soumis à l’Assemblée nationale.
En effet, de profondes divergences demeurent entre l’opposition et la majorité, notamment sur les conditions de vote des Burkinabè de l’extérieur, et sur l’enrôlement des électeurs.
Sur le premier point, la majorité n’a aucunement pris en compte la carte consulaire au titre des documents de vote de la diaspora, malgré l’insistance de l’opposition lors des rencontres avec les administrations techniques chargées des élections et la présidence du Faso.
Ces cartes consulaires sont biométriques et il est mentionné qu’elles « tiennent lieu de cartes nationales d’identité burkinabè ». Selon les données statistiques, 980 000 cartes consulaires sont biométriques sur un total de 985 000 détenues par l’ensemble de la diaspora. Le CFOP insiste et persiste sur la nécessité de prendre en compte cette pièce au titre des documents de vote.
En outre, le projet de loi maintient l’enceinte unique des ambassades et consulats comme lieu d’emplacement des bureaux de vote. L’Opposition a proposé l’élargissement des bureaux de vote à d’autres lieux, mais en accord avec le pays hôte. Cette pratique et déjà une réalité dans certains pays de la sous-région.
Il y a, en plus, des imprécisions dans le texte au niveau de certains articles du projet de loi, notamment l’article 53 nouveau : « Il est délivré à l’électeur un document tenant lieu de récépissé identifiant son bureau de vote ». Il est nécessaire de préciser de quel type de document il s’agit.
Une autre réforme phare divise l’opposition et la majorité. Il s’agit de l’introduction du nouveau système d’enrôlement proposé par la CENI.
En rappel, ce nouveau système consiste à supprimer le déploiement sur le terrain des missions d’enrôlement de la CENI tel que cela se passait jusque-là, et à s’appuyer sur le fichier de l’Office national d’identification (ONI) pour détecter chaque année les nouveaux électeurs en âge de voter, c’est-à-dire ceux qui ont atteint 18 ans. En utilisant ce fichier de l’ONI, la CENI enverrait des SMS à ces nouveaux électeurs pour leur indiquer leurs bureaux de vote.
Tout au long des discussions qui ont eu lieu au palais de Kossyam, l’Opposition n’a eu de cesse de faire comprendre au gouvernement et au président de la CENI, tous favorables à ce nouveau système, que celui-ci comporte des risques énormes de fraude informatique. Du reste, cette approche constitue un recul démocratique car in fine, c’est l’ONI, contrôlé par le ministère de la Sécurité, qui sera la source du fichier électoral, et non la CENI, qui avait ce privilège par le biais de l’enrôlement.
Il est important pour l’opinion nationale et internationale de savoir que c’est justement cette technique-là qui est en train de poser problème à l’élection présidentielle malienne en cours. L’opposition dénonce des doublons et des électeurs fictifs glissés par le pouvoir malien dans le fichier de leur « ONI ». Cette « nouvelle technique » est donc une porte ouverte à la fraude, à la manipulation du fichier électoral, et même à l’intrusion de forces ennemies dans le processus électoral de 2020.
Le projet de loi sera examiné et voté probablement le lundi 30 juillet à l’Assemblée nationale. C’est un passage en force et un mépris vis-à-vis d’une grande partie du peuple burkinabè représentée par l’opposition.
La révision d’une loi sensible comme le Code électoral doit se faire par consensus, pour la préservation de la paix sociale et de la confiance des acteurs politiques au système électoral. S’il n’y a pas d’accords sur des points précis, les anciennes dispositions doivent être maintenues. Mais, dans le cas d’espèce, le régime du MPP est sur le point d’opérer un passage en force.
L’Opposition affirme dès à présent qu’elle ne reconnaîtra pas un Code électoral imposé par le MPP et alliés. Par conséquent, elle combattra farouchement cette loi avec les moyens légaux si, malgré tout, le MPP venait à opérer ce passage en force.
Le second point de la vie nationale avait trait à la nomination d’un nouvel organe du Conseil supérieur de la communication (CSC). La désignation de M. Mathias S. Tankoano, ainsi que celle de l’équipe qui l’accompagne, est censée mettre un terme à la crise institutionnelle qui avait cours au CSC.
Mais, pour l’opposition politique, la gymnastique juridique dont a usé le MPP pour faire passer ses hommes de main indique que le souci de nos dirigeants n’était pas de résoudre la crise, mais plutôt d’en profiter pour contrôler cet organe de régulation.
En prélude à l’examen et au vote de la nouvelle loi portant attribution, composition et fonctionnement du Conseil supérieur de la communication, le chef de file de file de l’opposition avait adressé, le 19 mars 2018, une lettre au président du Faso.
Dans cette correspondance, le CFOP attirait l’attention du président sur le fait que cette loi ne tenait aucunement compte de l’opposition politique dans la désignation des conseillers, membres permanents du CSC.
En rappel, cette loi donne au président du Faso un quota de trois membres ; au président de l’Assemblée nationale, deux membres ; au Conseil constitutionnel, un membre ; et aux associations professionnelles des médias, trois membres.
Le CSC joue un rôle important dans l’équilibre de la démocratie, donc de la paix sociale. Or, à cause de la nouvelle loi votée par la majorité, cette institution ne sera plus qu’un instrument de musellement de la presse.
M. Tankoano était jusque-là conseiller spécial du président du Faso chargé des questions juridiques du chef de l’Etat.
Le nommer à la tête du CSC indique clairement une intention de contrôler et museler l’information au profit du pouvoir en place. Cette intention est d’autant plus visible qu’il n’est pas un spécialiste des questions d’information. Même si rien n’interdit qu’un juriste soit nommé à ce poste, la tradition a voulu que jusque-là, ce soit des spécialistes de la communication qui sont désignés pour l’occuper (Adama Fofana, Luc Adolphe Tiao, Béatrice Damiba, Nathalie Somé).
Le MPP regorge de spécialistes de la communication qui se sont battus pour leur parti pour la conquête du pouvoir. S’ils ont été royalement ignorés, ce qui au passage constitue une bonne leçon pour eux, c’est parce que le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste.
Il appartient à la corporation des hommes de médias de se battre pour garantir l’indépendance de leur institution. En tout état de cause, l’opposition politique les rassure de son soutien indéfectible à la liberté d’expression et de la presse.
Au titre de la vie du Cadre, les participants ont examiné la demande d’adhésion de deux partis politiques au CC-CFOP. Il s’agit du Front patriotique pour le renouveau (FPR) présidé par M. Aristide Ouédraogo et du Mouvement pour la démocratie et la renaissance (MDR) présidé par M. Marcel Ouédraogo. Les deux partis ont été acceptés par les membres du Cadre, à l’unanimité. Les partis politiques membres du Cadre de concertation sont désormais au nombre de 28.
D’autres demandes d’adhésion sont en cours d’examen.
Les participants ont aussi été informés, que M. Zacharie Sorgho, président du PRDF, a informé par courrier le chef de file de l’opposition que son parti quittait le CFOP.
Débutée à 18h, la réunion a pris fin à 21h, après l’examen de quelques points de divers.
Ouagadougou, le 25 juillet 2018
Le service de communication du Chef de file de l’Opposition
Vos commentaires
1. Le 26 juillet 2018 à 20:15, par Un fils de Solenzo En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
Je voudrais savoir si Le Président du CSC est nommé ou voté. S’il est voté par des nommés c’est la même chose que s’il était nommé. Par contre s’il est voté par des élus alors il faudrait respecter l’Institution. Il faut noter que la qualité professionnel et le Leadership des personnes à ces genres de responsabilités devraient être exceptionnels et surtout primés sur les relations “personnelles”. Souhaitons que le Magistrat Marcel fera mentir au CFOP, sinon ce sera des points pénalisant pour le MPP et Le PF en 2020.
Le 27 juillet 2018 à 12:34, par Mafoi En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
Nommé ou voté,je ne vois pas où se trouve le problème car le CSC est un simple organe de régulation qui n’a aucune influence sur la vie politique nationale et donc je ne comprends pas cette excitation de l’opposition
Le 27 juillet 2018 à 13:44, par Un fils de Solenzo En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
Mais pas n’importe quelle instance. Il s’agit ici du 4ème Pouvoir. Les médias sont le nerf de la guerre pendant les échéances électorales. Pour mieux vous en convaincre priere vous référer dans les “outils d’une bonne démocratie”.
2. Le 26 juillet 2018 à 20:21, par molotov En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
C’est beau le jeu démocratique.. Majorite gpuverne, Opposition s’oppose !
Ainsi Mathias TANKOANA homme de main ou sbire, homme à tout faire, larbin, laquais, valet de Rock pour noyauter le CSC ???
Qui vivra verra
Très souvent les juristes sont les plus fourbes pour contourner la loi.
# MOLOTOV
3. Le 26 juillet 2018 à 21:25, par Un fils de Solenzo En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
Je suis totalement d’accord sur tous les points soulevés par l’Opposition cette fois-ci. Tout est justifié sauf pour le fichier électoral. Pour moi l’Institution la plus fiable et crédible en matière d’identification des Burkinabé reste l’ONI. Il faut peut être exiger que la liste de l’ONI reste une invite à s’inscrire sur la liste électorale mais ne peut servir de liste électorale. La raison est toute simple : le vote n’est pas obligatoire au Burkina. Ce n’est pas parce que je suis sur la liste de l’ONI et en âge de voter que je vais effectivement décider de voter. Je propose qu’on étende la rigueur à la CENI en ce sens que dans le cas où on décèle une quelconque anomalie sur la liste électorale (doublon, personnes fictives, etc...) que Le Président de la CENI soit hébergé à la MACO. Pour ma part je sais que mon peulh de Newton Ahmed BARRY a plus que montré son Burkindi et n’y sera jamais convoyer.
Esperons que la Majorité saura raison gardée et ira au consensus.
4. Le 26 juillet 2018 à 23:24, par Henriette kouassi En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
Salut les Burkinabé,surtout l’opposition. Qu’avez vous fait pour que le président ne puisse pas mettre un homme de main au CSC. Continuer à dormir ,la surprise sera pour vous tous. Pouvoir comme Opposition.
5. Le 27 juillet 2018 à 09:07, par Thom’s En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
Homme de main du PF. Dites moi qui de l’opposition, s’il accède au pouvoir ne fera pas la même chose. Où est le problème si monsieur TANKOANO est compétent ? Par ailleurs, le bruit que fait l’opposition autour de la carte consulaire me laisse perplexe. Monsieur Zéphirin n’est-il pas en train de cautionner lui-même les fraudes au niveau de la diaspora ? Personne n’est dupe au Burkina. Les seules pièces à conviction démeurent la CNIB ou le Passeport Burkinabè, un point c’est tout. Que le gouvernemenr reste sur sa position et rejette l’utilisation de la carte consulaire pour le vote de la diaspora, sinon bonjour aux fraudes massives. Il y a vraiment du désordre au niveau de l’opposition burkinabè.
Le 27 juillet 2018 à 13:04, par Un fils de Solenzo En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
Vous n’etes pas serieux, vous. La carte Consulaire est l’equivalent de la CNIB mais délivrée par nos autorités compétentes hors de nos frontières. Personnellement j’ai plus confiance à la Carte Consulaire qu’a la CNIB. Refuser la Carte Consulaire serait du deux poids deux mesures. C’est comme douter de la probité de nos ambassades et cela est une lourde faute dans les vraies démocraties.
6. Le 27 juillet 2018 à 09:33, par Thom’s En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
Homme de main du PF. Dites moi qui de l’opposition, s’il accède au pouvoir ne fera pas la même chose. Où est le problème si monsieur TANKOANO est compétent ? Par ailleurs, le bruit que fait l’opposition autour de la carte consulaire me laisse perplexe. Monsieur Zéphirin n’est-il pas en train de cautionner lui-même les fraudes au niveau de la diaspora ? Personne n’est dupe au Burkina. Les seules pièces à conviction démeurent la CNIB ou le Passeport Burkinabè, un point c’est tout. Que le gouvernemenr reste sur sa position et rejette l’utilisation de la carte consulaire pour le vote de la diaspora, sinon bonjour aux fraudes massives. Il y a vraiment du désordre au niveau de l’opposition burkinabè.
7. Le 27 juillet 2018 à 09:55, par El_monstro En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
L’art de divertir les gens. Il faut surtout s’assumer. A mon avis cet avocat à été élu par un collège à majorité journaliste. Patin de Roch ou pas ce serait très facile de rejeter la responsabilité sur le pouvoir actuel.
8. Le 27 juillet 2018 à 11:22, par GUESSAD En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
L’opposition a totalement raison de s’inquiéter quant au nouveau code électoral.Vouloir considérer le fichier de l’ONI comme fichier électoral,c’est vouloir tenter de frauder.
1-Le fichier de l’ONI est géré par le gouvernement (Ministère de l’Intérieur),donc on aura des élections organisées par un gouvernement et non par une structure indépendante.
2-Le fichier de l’ONI n’est pas fiable parce qu’il ya plusieurs personnes qui possèdent plusieurs CNIB avec des numéros différents (Il suffit de décliner la perte de sa CNIB et recevoir une autre CNIB avec un numéro différent).
3- Si le fichier de l’ONI présente par exemple 5 millions de personnes,le gouvernement ( Puisque c’est lui qui contrôle ce fichier électoral)peut considérer que toutes ces personnes doivent voter,or qu’on sait qu’il ya des personnes décédées possédant des CNIB valables,des personnes qui ont voyagé et des personnes qui ne pourront jamais participer au vote.Alors ça sera facile de frauder.
Le Burkina Faso court une vraie crise post électorale si jamais cela se passe ainsi.
Vraiment que Dieu bénisse le Burkina Faso !!!!
9. Le 27 juillet 2018 à 14:28, par lewang En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
Le pouvoir est très clairvoyant. Voter avec la carte consulaire et il sera surpris en 2020. Bcp de possibilités de fraudes surtout d’où on sait. c’est comme si on autorise des actes de naissance
10. Le 27 juillet 2018 à 14:36, par s En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
Comme M Tankoano n a pas été nommé je ne vois absolument aucun inconvénient. La carte consulaire est l équivalente du permis de conduire qui a été aussi établi sur la base de la CNIB. Quant au nouveau système d enrôlement qui est une initiative personnelle du président de la CNI M Barry pour amoindrir le coup des élections, l opposition semble avoir raison car ça serait très compliqué surtout avec les sms à envoyer.
11. Le 27 juillet 2018 à 15:23, par Peut être moi un jour En réponse à : Election de Mathias Tankoano à la tête du CSC : Selon l’opposition, « le président du Faso voulait d’un homme de main à ce poste »
Pour le CSC, s’il faut raisonner en terme de nombre de personnes désignés par l’opposition, il faut aller jusqu’au bout du raisonnement et attribuer un nombre à la majorité. Cela reviendrait au même quotas qui est actuellement représenté à l’Assemblée Nationale. In fine, le Président du CSC sera toujours contrôlé par la majorité.